APPrOCHES THERAPEUTIQUES
Par J. BoutillierEnseignant à l'INCTB
Auteur d'En terminer avec l'Agoraphobie
Introduction et orientations
Approche des croyances (cognitions)
Approche de l'expérience sensorielle/corporelle
Approche des perceptions / émotions
Approche des comportements (action)
Approche des systèmes (interne-externe, action-réaction)
Introduction et orientations
Il y a à peu près 250 manières d’aborder un problème (et autant de pratiques psychothérapeutiques). Ajoutant à cela que tout individu est différent, il ne peut que difficilement y avoir un modèle unique de remise en cause du TPA. Dans ces pages, je décrirai les différents axes qui me semblent pertinents, à adapter bien évidemment à la relation thérapeutique qui reste prépondérante.
Le schéma ci-dessus issu de plusieurs points de vue de la mouvance des thérapies brèves présente différentes dimensions : ces caractéristiques sont organisées en deux systèmes, expérience interne et expérience externe.
w Expérience interne : ce qui se passe à l’intérieur du sujet.
- Dimension cognitive (Croyances, ce qui est pensé. Par exemple : « Je ne suis pas capable d’y aller ».
- Dimension perceptive et émotionnelle (Ce qui vécu émotionnellement, ce qui est perçu. Par exemple : « J’ai eu peur de… ».
- Dimensions sensorielle / corporelle (Ce qui vécu corporellement et perceptivement. Par exemple : « J’étais tendu et j’avais des sensations bizarres »).
- Dimension comportementale : (Action, ce que la personne fait. Par exemple : « J’ai décidé de ne pas y aller »).
- Dimension réactionnelle du système : (Réaction, comment le système, les autres, le monde, réagissent aux actions du sujet. Par exemple : « Ne t’inquiète pas, je t’accompagne »).
Ces 5 axes présentent la particularité d’être en constante interaction. Quelqu’un pourrait dire par exemple : « Je ne sais pas pourquoi j’étais tendu (expérience sensorielle, corporelle), j’ai eu peur (perceptions, émotions) et je me suis dit qu je n’allais pas y arriver (croyances). Ma peur a augmenté (perceptions, émotions) et j’ai commencé à voir trouble (expérience sensorielle, corporelle). Je suis alors sortie (action) et j’ai tout raconté à ma mère qui m’a amenée jusqu’à votre cabinet (réaction). ».
On le voit, les interactions sont nombreuses, autant dans le domaine de ce qui se passe à l’intérieur de la personne qu’à l’extérieur. Les thérapies cognitives, les thérapies comportementales, les thérapies familiales... ont donc toutes leur mot à dire quand on observe le processus du problème.
En même temps, elles n’agissent que sur un domaine (les croyances par exemple pour les thérapies cognitives). Cela peut suffire (il y a donc alors succès thérapeutique) mais également se révéler inopérant, car mésestimant la globalité du sujet et l’équilibre des systèmes(une des particularité des systèmes étant quand on les remet en cause insuffisamment ou que l'on ne leur propose d'alternative de fonctionnement valable, de développer une énergie considérable à retrouver le point d’équilibre initial).
Il convient donc de produire une approche du TPA pluraliste, multifactorielle et respectueuse de cet équilibre systémique. Elle sera décomposée ici en différentes parties thématiques :
- Approche des croyances (cognitions)
- Approche de l'expérience sensorielle/corporelle
- Approche des perceptions / émotions
- Approche des comportements (action)
- Approche des systèmes (interne-externe, action-réaction)
Approche des croyances
Bref
historique
- La thérapie
cognitive s’installe peu à peu
à partir des années
60, avec T. Beck. Travaillant originellement sur la
dépression,
il relève l’existence de blocages cognitifs au
changement : pensées
automatiques, dialogue intérieur… Loin de la
psychanalyse, ces processus
de pensées portent sur des sujets bien « concrets
».
A partir de ce constat va se mettre en place un modèle
cognitif,
adaptable notamment aux troubles anxieux.
- Conjointement, d'autres techniques permettent un travail des cognitions, de la représentation de lui-même, des autres et du monde par le sujet. La PNL, lorsqu'elle est pratiquée sérieusement a développé de nombreux outils de remise en cause des croyances, tout comme l'hypnose ericksonienne. De même d'autres approches (stratégiques, orientées solutions, émotionnelles correctrices...), mènent plus ou moins directement à une restructuration cognitive (puisque tout est relié et en constante interaction).
- Conjointement, d'autres techniques permettent un travail des cognitions, de la représentation de lui-même, des autres et du monde par le sujet. La PNL, lorsqu'elle est pratiquée sérieusement a développé de nombreux outils de remise en cause des croyances, tout comme l'hypnose ericksonienne. De même d'autres approches (stratégiques, orientées solutions, émotionnelles correctrices...), mènent plus ou moins directement à une restructuration cognitive (puisque tout est relié et en constante interaction).
Nous
pensons
C’est là un élément essentiel. Si nous reprenons le schéma précédemment utilisé (p. ), il y a un lien à bien intégrer. Ce n’est pas la réalité que nous ressentons mais ce que nous pensons de la réalité.
On vit une situation, on en pense quelque chose. De ce qui est pensé découleront et dépendront les émotions, comportements.
Il y a quelques années je travaillais avec une jeune phobique sociale. Elle ne voulais plus sortir. Nous découvrîmes qu’elle avait un grand-père dont le dicton favori était : « l’homme est un loup pour l’homme ». Peu à peu, elle avait intégré ce dicton, le posant comme une vérité absolue. Tout le monde lui reprochait de ne pas vouloir sortie. Je lui dis à l’époque : « Tu as entièrement raison de ne pas sortir. Aller au milieu des loups, moi non plus je ne le ferai pas ». Elle me considéra autrement, et nous avions pu alors commencer à travailler sur cette vision du monde. Etait-ce vrai ? Etait-on tous des loups ? (A la fin je l’accueillais d’ailleurs en hurlant à la mort !). Ayant recadré ce système de pensée, modéré sa croyance, elle a pu ressortir.
Une croyance n’est pas une vérité, une croyance est une théorie sur la vie énoncée à travers de nombreux filtres, tenue comme vraie, absolue mais non-vérifiée. L’ émotion est justifiée, est donc en cela complètement respectable quelle qu’elle soit, mais la pensée en amont ne l’est pas. En cela, la thérapie cognitive pourrait être appelée la thérapie du bon sens.
Illusions les plus courantes :
- Noirceur du futur
- Dévalorisation de soi-même
La dimension cognitive du TPA s’installe à plusieurs niveaux :
- Ce qui est pensé pendant la crise : la pensée anxieuse (peur de perdre le contrôle, d’étouffer, de tomber, de mourir…), la vision défaillante de lui-même par le sujet pendant la crise, génère des réponses inadaptées.
- Normaliser le problème : dé-pathologiser le problème, ce qui en soi constitue déja une mutation cognitive.
- Remise en cause par le thérapeute des processus anxieux du client : discussion du bon sens pendant laquelle on peut par exemple discuter le langage en "tout rien", catastrophiste, les lectures d'avenir, les lectures de pensée etc... On peut également aller dans le sens des pensées anxieuses jusqu'à la caricature, en explorant chaque détail dans son atrocité.
- Travail en hypnose pour remettre en cause les croyances de base (elles se sont mises en place par exemple à partir d'une expérience de référence qu'on revisite pour l'interpréter différement).
- Prescrire des tâches qui permettent de vivre des expériences correctrices et recadrent les croyances (si la théorie détermine l'expérience, l'inverse est également vrai).
- Sans brasser le passé pour le plaisir, on peut, dans un style collaboratif identifier et décrire la genèse du trouble panique avec agoraphobie, mettre en évidence les différents facteurs. L’anxiété n’est pas quelque chose qui apparaît comme cela. Le trouble anxieux se construit (hypersensibilité, chocs, traumatismes, stress chronique pendant l’enfance, surprotection et/ou inaffectivité parentale, exemples familiaux ou sociaux d’anxiété, stress divers…).
- Un explication des symptômes est nécessaire et bien menée peut déjà apporter un mieux-être évident. Combien de fois ai-je d’ailleurs été surpris de rencontrer des personnes ne connaissant rien de leurs difficultés malgré un carnet de santé à rallonge. La nécessité de comprendre les manifestations physiologiques semble pourtant évidente. Les différents outils psycho-corporels, exercices divers sont autant d’élément participant à une restructuration cognitive.
- La personne anxieuse est sérieuse, attentionnée, pense et analyse. Ces capacités peuvent être utilisées à l’avantage de la démarche thérapeutique. L’hypervigilance peut se transformer peu à peu en observation bienveillante. Un symptôme peut s’utiliser, être orienté de manière positive.
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Le TPA est accompagné d'un cortège de manifestations corporelles et sensorielles. En travaillant sur d'autres axes (émotions, pensées, explication des symptômes etc...), on peut également réguler ces phénomènes corporels mais il peut être pertinent de se pencher sur la dimension psycho-corporelle et sensorielle du sujet.
Il s’agit ici de libérer des ressources et énergies nouvelles, présentes en chacun de nous.
Le relâchement, tout comme la tension sont des états naturels.
Chaque fibre musculaire a deux possibilités : se contracter ou se relâcher.
Culture et société modernes nous apprennent à ne pas nous laisser aller. L’éducation est également un facteur déterminant. L’individu, au fil de son histoire oublie le chemin qui mène au relâchement.
Pratiquer la relaxation, c’est guider corps et esprit vers la redécouverte de cet état physiologique inscrit dans la mémoire cellulaire.
Se relaxer n’est donc pas un phénomène artificiel ou extérieur. Il s’agit de retrouver et de libérer des compétences perverties par l’histoire de l’individu : la relaxation existe en nous de manière naturelle. Se relaxer, c’est donc aussi progresser dans la connaissance de soi-même.
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La physiologie de l’individu présente deux types de muscles :
- Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux végétatif.
- Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils permettent la mobilité du sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral.
Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont maintenus dans un état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu.
w Régulation
Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de l’apprentissage de sa régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une agression :
- Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient chronique.
- Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée pas ou pu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver rapidement et aisément son état de départ.
w Fonction et dialogue tonique
La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu. Dans sa relation avec lui-même, mais aussi avec son environnement.
Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle.
Ce dialogue est autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de la vie en relation. La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation.
w Respiration - Emotion
La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue physiologique.
D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à prouver. Mais, dans le cadre de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que cette relation est bilatérale :
w Fonction respiratoire
Pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le plus important de la fonction respiratoire.
Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à l’inspiration et monte à l’expiration. Il assure une respiration ample et abdominale.
Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le diaphragme est souvent bloqué. Des tensions musculaires contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu un surcroît d’effort.
En lui redonnant sa mobilité, on accroît la ventilation pulmonaire, on masse le plexus solaire, on tonifie la région abdominale.
w La vie respiratoire
La respiration abdominale est celle du bébé et du jeune enfant avant apprentissage, celle des dormeurs profonds et des animaux.
L'éducation ("Tiens-toi droit!", "rentre ton ventre"), la vie sociale modifient la respiration naturelle et profonde : elle devient thoracique et superficielle.
Une respiration libre, calme et diaphragmatique assure un meilleur équilibre émotionnel.
Complète, elle procure une relaxation profonde et tonifie l’organisme.
En respirant amplement, on détend les muscles intercostaux et on libère la cage thoracique, crispations souvent liées à la peur, la timidité, la rigidité morale, …
Une respiration complète, équilibrée et stable (enracinement), permet la prise de conscience de l’individu dans sa globalité.
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Auteur d'En terminer avec l'Agoraphobie«
Je
pense donc je suis »
A tout
moment
nous pensons. Ce qui est cognitif regroupe les pensées,
système
de représentation, images mentale que nous mettons en place
entre
nous et la réalité. Ce système de
représentation
s’établit en fonction de nombreux filtres,
détaillés
précédemment. Nous construisons
donc notre propre lecture de la réalité.
Les
études
sur le TPA et la « guérison » du TPA
montrent qu’un
des facteurs communs à la disparition du trouble est la
«
mutation cognitive ».
L’anxiété est un trouble
fondamentalement
cognitif, un recadrage des représentations est
nécessaire.
Ce que
nous
pensons
« J’en pense plus de bien que de mal », « j’en pense plus de mal que de bien ».
Si on mène l’enquête, on se rend compte que chaque individu va avoir une lecture personnelle de la réalité, plus ou moins adaptée au bien-être. Schématiquement, cette adaptation va se révéler par la proportion de pensées négatives et positives : La restructuration cognitive va donc avoir notamment pour but de rétablir un certain équilibre, diminuer les proportions du négatif, augmenter celles du positif, cela non pas en sombrant dans un positivisme béat mais en observant la réalité le plus objectivement possible.
« J’en pense plus de bien que de mal », « j’en pense plus de mal que de bien ».
Si on mène l’enquête, on se rend compte que chaque individu va avoir une lecture personnelle de la réalité, plus ou moins adaptée au bien-être. Schématiquement, cette adaptation va se révéler par la proportion de pensées négatives et positives : La restructuration cognitive va donc avoir notamment pour but de rétablir un certain équilibre, diminuer les proportions du négatif, augmenter celles du positif, cela non pas en sombrant dans un positivisme béat mais en observant la réalité le plus objectivement possible.
Pensée et émotion
« Nous
ressentons ce que nous pensons » diraient les cognitivistesC’est là un élément essentiel. Si nous reprenons le schéma précédemment utilisé (p. ), il y a un lien à bien intégrer. Ce n’est pas la réalité que nous ressentons mais ce que nous pensons de la réalité.
On vit une situation, on en pense quelque chose. De ce qui est pensé découleront et dépendront les émotions, comportements.
Il y a quelques années je travaillais avec une jeune phobique sociale. Elle ne voulais plus sortir. Nous découvrîmes qu’elle avait un grand-père dont le dicton favori était : « l’homme est un loup pour l’homme ». Peu à peu, elle avait intégré ce dicton, le posant comme une vérité absolue. Tout le monde lui reprochait de ne pas vouloir sortie. Je lui dis à l’époque : « Tu as entièrement raison de ne pas sortir. Aller au milieu des loups, moi non plus je ne le ferai pas ». Elle me considéra autrement, et nous avions pu alors commencer à travailler sur cette vision du monde. Etait-ce vrai ? Etait-on tous des loups ? (A la fin je l’accueillais d’ailleurs en hurlant à la mort !). Ayant recadré ce système de pensée, modéré sa croyance, elle a pu ressortir.
Une croyance n’est pas une vérité, une croyance est une théorie sur la vie énoncée à travers de nombreux filtres, tenue comme vraie, absolue mais non-vérifiée. L’ émotion est justifiée, est donc en cela complètement respectable quelle qu’elle soit, mais la pensée en amont ne l’est pas. En cela, la thérapie cognitive pourrait être appelée la thérapie du bon sens.
Anxiété et illusion
Dans le domaine
anxieux, beaucoup de chose sont illusoires : le contrôle est
une
illusion de contrôle (on ne peut tout contrôler),
la pensée
est construite sur des illusions : illusion sur soi, sur les autres,
sur
le monde qui nous entoure. Ces noires illusions devront être
pesées,
remises en cause, remodelées ou
dépassée pour accéder
au bien-être.
Illusions les plus courantes :
- Noirceur du futur
- Dévalorisation de soi-même
En
d’autres
mots, « le futur qui m’attend est terrible, et je
ne suis pas capable
de l’assumer ou de m’en sortir ». Il est
alors tout à fait
normal d’avoir à souffrir
d’anxiété. Mais tout cela
est-il vrai ? (futur négatif et vision
défaillante de soi-même).
Approche
cognitive et TPA
La dimension cognitive du TPA s’installe à plusieurs niveaux :
- Ce
qui
est pensé avant la crise (hypervigilance,
recherche de dangers
éventuels, interprétations alarmistes,
scénarios catastrophes,
images et pensées menaçantes en tous
genres…). Cette appréhension
alarmiste n’est pas sans rappeler une sorte d'"hypocondrie
aigue
», recherche inconsciente et profonde des dangers en
soi-même,
son corps et l’environnement.
Le
techniques
vont ici viser à atténuer cette phase
d’hypervigilance catastrophiste
et de permettre une exposition sans évitement ou rassurance extérieure.
On se penchera donc sur les erreurs
d’interprétation portant sur
les manifestations physiologiques, mais aussi sur la peur de perdre le
contrôle ou de se retrouver «bloqué(e)
» dans
une situation dangereuse. Il s’agit ici de remettre en cause
deux schémas
essentiels : perception d’un danger et sentiment
d’incapacité à
gérer la situation.
- Ce qui est pensé pendant la crise : la pensée anxieuse (peur de perdre le contrôle, d’étouffer, de tomber, de mourir…), la vision défaillante de lui-même par le sujet pendant la crise, génère des réponses inadaptées.
Les
techniques
vont s’établir pour développer la
compréhension des
symptômes, le rétablissement d’une
«forme de contrôle» sur ceux-ci. La remise en
cause des schémas
cognitifs et postulats peut se faire de différentes
manières. Quelques exemples :
- Normaliser le problème : dé-pathologiser le problème, ce qui en soi constitue déja une mutation cognitive.
- Remise en cause par le thérapeute des processus anxieux du client : discussion du bon sens pendant laquelle on peut par exemple discuter le langage en "tout rien", catastrophiste, les lectures d'avenir, les lectures de pensée etc... On peut également aller dans le sens des pensées anxieuses jusqu'à la caricature, en explorant chaque détail dans son atrocité.
- Travail en hypnose pour remettre en cause les croyances de base (elles se sont mises en place par exemple à partir d'une expérience de référence qu'on revisite pour l'interpréter différement).
- Prescrire des tâches qui permettent de vivre des expériences correctrices et recadrent les croyances (si la théorie détermine l'expérience, l'inverse est également vrai).
Compréhension
L'anxiété
a un avantage : tout s'explique. La compréhension par le
sujet de ce qui lui arrive consitue déja un
élément d'évolution congitive.- Sans brasser le passé pour le plaisir, on peut, dans un style collaboratif identifier et décrire la genèse du trouble panique avec agoraphobie, mettre en évidence les différents facteurs. L’anxiété n’est pas quelque chose qui apparaît comme cela. Le trouble anxieux se construit (hypersensibilité, chocs, traumatismes, stress chronique pendant l’enfance, surprotection et/ou inaffectivité parentale, exemples familiaux ou sociaux d’anxiété, stress divers…).
- Un explication des symptômes est nécessaire et bien menée peut déjà apporter un mieux-être évident. Combien de fois ai-je d’ailleurs été surpris de rencontrer des personnes ne connaissant rien de leurs difficultés malgré un carnet de santé à rallonge. La nécessité de comprendre les manifestations physiologiques semble pourtant évidente. Les différents outils psycho-corporels, exercices divers sont autant d’élément participant à une restructuration cognitive.
- La personne anxieuse est sérieuse, attentionnée, pense et analyse. Ces capacités peuvent être utilisées à l’avantage de la démarche thérapeutique. L’hypervigilance peut se transformer peu à peu en observation bienveillante. Un symptôme peut s’utiliser, être orienté de manière positive.
Mise à jour
des
paradoxes
Dès
qu'il y a trouble, il y a paradoxe.
La mise à jour permet à la personne de prendre
conscience du cercle
vicieux qu'elle est en train de vivre. Nombreux sont ceux
qui par exemple s'inquiètent pour se rassurer, ce qui est
assez paradoxal.
J'ai travaillé une fois avec un monsieur qui bégayait... pour ne pas bégayer. Le bégaiement, dans sa manière de voir les choses, lui permettait de temporiser sur un mot, pour pouvoir anticiper sur le mot suivant et bien le prononcer. Chaque mot était donc bégayé pour ne pas bégayer le suivant. Dans le TPA, nombreux sont ceux par exemple qui sortent du cinéma parce qu'ils ont peur. Mais en sortant du cinéma, pensant se rassurer, ils confirment que le cinéma est dangereux et auront encore plus peur la fois d'après. Un cinéma n'est pas dangereux, sauf si on en sort en courant. l'évitement crée la peur qui conduit à l'évitement etc...
Un changement cognitif important est de prendre conscience de ces processus inconscients, paradoxaux. Une fois le cercle vicieux constaté, on met le doigt dans l'engrenage plus difficilement ou bien de manière différente ce qui dans tous les cas modifie le processus.
Cet ensemble de techniques va permettre de dévoiler au sujet ses propres processus cognitifs pour pouvoir les remettre en cause, construire une autre représentation de la réalité. En cela, l’approche cognitive est un outil important. Cette « mutation » cognitive, nécessaire et obtenue d'une manière ou d'une autre, est un élément fondateur du changement en thérapie des troubles anxieux et du trouble panique avec agoraphobie en particulier.
J'ai travaillé une fois avec un monsieur qui bégayait... pour ne pas bégayer. Le bégaiement, dans sa manière de voir les choses, lui permettait de temporiser sur un mot, pour pouvoir anticiper sur le mot suivant et bien le prononcer. Chaque mot était donc bégayé pour ne pas bégayer le suivant. Dans le TPA, nombreux sont ceux par exemple qui sortent du cinéma parce qu'ils ont peur. Mais en sortant du cinéma, pensant se rassurer, ils confirment que le cinéma est dangereux et auront encore plus peur la fois d'après. Un cinéma n'est pas dangereux, sauf si on en sort en courant. l'évitement crée la peur qui conduit à l'évitement etc...
Un changement cognitif important est de prendre conscience de ces processus inconscients, paradoxaux. Une fois le cercle vicieux constaté, on met le doigt dans l'engrenage plus difficilement ou bien de manière différente ce qui dans tous les cas modifie le processus.
Cet ensemble de techniques va permettre de dévoiler au sujet ses propres processus cognitifs pour pouvoir les remettre en cause, construire une autre représentation de la réalité. En cela, l’approche cognitive est un outil important. Cette « mutation » cognitive, nécessaire et obtenue d'une manière ou d'une autre, est un élément fondateur du changement en thérapie des troubles anxieux et du trouble panique avec agoraphobie en particulier.
Approche
de l'expérience sensorielle et corporelle
Le TPA est accompagné d'un cortège de manifestations corporelles et sensorielles. En travaillant sur d'autres axes (émotions, pensées, explication des symptômes etc...), on peut également réguler ces phénomènes corporels mais il peut être pertinent de se pencher sur la dimension psycho-corporelle et sensorielle du sujet.
La relaxation
Lorsqu’on
évoque la relaxation, on pense volontiers à une
activité
de salon plus ou moins ésotérique, sorte de
ramollissement
somnolent. Il
n’en est
rien. Etymologiquement «Relaxer» signifie «re-libérer»,
à l’image du prisonnier qu’on
relaxe.
Il s’agit ici de libérer des ressources et énergies nouvelles, présentes en chacun de nous.
Le relâchement, tout comme la tension sont des états naturels.
Chaque fibre musculaire a deux possibilités : se contracter ou se relâcher.
Culture et société modernes nous apprennent à ne pas nous laisser aller. L’éducation est également un facteur déterminant. L’individu, au fil de son histoire oublie le chemin qui mène au relâchement.
Pratiquer la relaxation, c’est guider corps et esprit vers la redécouverte de cet état physiologique inscrit dans la mémoire cellulaire.
Se relaxer n’est donc pas un phénomène artificiel ou extérieur. Il s’agit de retrouver et de libérer des compétences perverties par l’histoire de l’individu : la relaxation existe en nous de manière naturelle. Se relaxer, c’est donc aussi progresser dans la connaissance de soi-même.
Dialogue
tonique
w Tonus
musculaire La physiologie de l’individu présente deux types de muscles :
- Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux végétatif.
- Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils permettent la mobilité du sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral.
Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont maintenus dans un état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu.
w Régulation
Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de l’apprentissage de sa régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une agression :
- Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient chronique.
- Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée pas ou pu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver rapidement et aisément son état de départ.
w Fonction et dialogue tonique
La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu. Dans sa relation avec lui-même, mais aussi avec son environnement.
Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle.
Ce dialogue est autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de la vie en relation. La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation.
La
respiration
w Respiration - Emotion
La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue physiologique.
D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à prouver. Mais, dans le cadre de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que cette relation est bilatérale :
La vie
psychique
influe sur la respiration.
La respiration influe sur la vie psychique.
La respiration influe sur la vie psychique.
w Fonction respiratoire
Pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le plus important de la fonction respiratoire.
Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à l’inspiration et monte à l’expiration. Il assure une respiration ample et abdominale.
Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le diaphragme est souvent bloqué. Des tensions musculaires contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu un surcroît d’effort.
En lui redonnant sa mobilité, on accroît la ventilation pulmonaire, on masse le plexus solaire, on tonifie la région abdominale.
w La vie respiratoire
La respiration abdominale est celle du bébé et du jeune enfant avant apprentissage, celle des dormeurs profonds et des animaux.
L'éducation ("Tiens-toi droit!", "rentre ton ventre"), la vie sociale modifient la respiration naturelle et profonde : elle devient thoracique et superficielle.
Une respiration libre, calme et diaphragmatique assure un meilleur équilibre émotionnel.
Complète, elle procure une relaxation profonde et tonifie l’organisme.
En respirant amplement, on détend les muscles intercostaux et on libère la cage thoracique, crispations souvent liées à la peur, la timidité, la rigidité morale, …
Une respiration complète, équilibrée et stable (enracinement), permet la prise de conscience de l’individu dans sa globalité.
Respiration
et enracinement
Se
relaxer debout
est une chose étrange, mais essentielle car
adaptée au réel.
Quand il y a difficulté, tension, mal-être,
c’est en relation
avec soi, les autres ou le monde. La position première est
alors
la station debout. Difficile position, lieu d’un dilemme
entre exigences
extérieures et ressentis intérieurs :
être présent
à soi et au monde. Position juste que l’enfant
possède, installé
dans son centre de gravité mais pervertie par les enjeux de
nos
exigences, celles des autres ou du monde qui nous entoure. Ainsi
déséquilibré, la confiance ne vient
plus pour l’homme
de ce qu’il est, corporellement et réellement,
mais de ce qu’il
pense, de ce qu’il sait ou de ce qu’il est pour les
autres. Déséquilibre
provoquant tensions, insécurité, rapports
conflictuels, …
Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : homme debout, responsable, libéré, en pleine confiance, installé autant en lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un juste équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et au monde.
Le hara : il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté par l’enfant qui se tient debout, le bas-ventre. Naturel, ce centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne s’agit pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour au source.
Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un lieu essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au devenir de l’être.
L'abord corporel peut donc se révéler important dans le domaine psycho-corporel, les symptômes du TPA étant à dominante respiratoire (hyperventilation) et tensionnelle. Il s'agit d'apprendre à se détendre, à respirer correctement pour ensuite pouvoir remettre en cause les symptômes de la panique. Une exposition graduelle aux symptômes physiques permet de mettre en place des automatismes concrets de remise en cause, adaptés aux situation.
Expérience sensorielle
Suite à venir, article bientôt développé.
J. Boutillier
Enseignant à l'INCTB
Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : homme debout, responsable, libéré, en pleine confiance, installé autant en lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un juste équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et au monde.
Le hara : il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté par l’enfant qui se tient debout, le bas-ventre. Naturel, ce centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne s’agit pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour au source.
Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un lieu essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au devenir de l’être.
Rééducation - désensibilisation
L'abord corporel peut donc se révéler important dans le domaine psycho-corporel, les symptômes du TPA étant à dominante respiratoire (hyperventilation) et tensionnelle. Il s'agit d'apprendre à se détendre, à respirer correctement pour ensuite pouvoir remettre en cause les symptômes de la panique. Une exposition graduelle aux symptômes physiques permet de mettre en place des automatismes concrets de remise en cause, adaptés aux situation.
Expérience sensorielle
En plus des approches exclusivement
corporelles, le niveau sensoriel peut également être
prépondérant. Lorsque nous vivons une situation, le
premier codage que nous en faisons est sensoriel (on voit, on entend,
on touche, on sent et on goûte. C'est ce que l'on nomme structure
de référence, qui va ensuite se transformer en
représentation mentale (structure profonde) pour être
ensuite mise en mot (structure de surface) :
On s’intéresse ici par exemple à comment le cerveau à encodé telle ou telle situation. Il s’agit alors de « ré-encoder » l’expérience différemment, de manière à ce que l’effet produit ne soit plus le même. Si par exemple, une personne à comme référence pour une sortie en voiture, une image interne géante remplies de corps ensanglantés, du rouge partout, image accompagnée d’un bruit de fracas de tôle et de cris de douleurs très puissants, il est tout à fait normal qu’elle ne prenne pas le volant. L’expérience sensorielle de référence est donc prépondérante. Elle est à explorer et à modifier (une autre personne a pu encoder différement la même situation et vivre les sorties en voitures de manière épanouie).
Suite à venir, article bientôt développé.
J. Boutillier
Enseignant à l'INCTB